Meurtre de Samuel Paty : "notre collègue a été assassiné pour avoir fait son travail", la communauté éducative gersoise toujours sous le choc

19 octobre 2020 - 20:40

72h après l'assassinat de Samuel Paty, toujours autant d'émotion et d'émoi dans le pays. Ce professeur d'histoire-géographie, âgé de 47 ans a été décapité à proximité du collège où il enseignait par un réfugié tchétchène de 18 ans pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves de 4e dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression. Tout au long du week-end, les rassemblements se sont multipliés aux 4 coins de la France pour rendre hommage à cet enseignant décrit comme un enseignant "très discret et bienveillant" par ses élèves et collègues. C'était notamment le cas à Auch, où ils étaient entre 80 et 150 personnes rassemblées samedi place de la Libération en haute-ville. Parmi eux, Estelle Aries, la secrétaire départementale du syndicat enseignant SNUipp/FSU du Gers, très touchée par cet événement. "On a un collègue qui a été assassiné pour avoir fait son boulot donc la première chose à faire c'était de lui rendre hommage. À travers ce rassemblement, on a également souhaité exprimer un cri de douleur et d'alarme par rapport à ce qu'il s'est passé, ce genre d'acte ne doit pas exister."

"Il faut continuer à enseigner à nos élèves un esprit critique et de penser par eux-mêmes"

Une question se pose désormais après cet assassinat : faut-il continuer à montrer et débattre autour de ces caricatures de Mahomet dans les établissements scolaires ? Pour Estelle Aries, il ne faut absolument pas céder face à ces actes de barbarie et défendre la liberté d'expression. "Plus que jamais il ne faut continuer à les montrer et à débattre dessus sinon c'est l'obscurantisme qui gagne. Selon moi, il a eu raison à plus d'un titre de montrer ses caricatures, car déjà c'est au programme. Enseigner l'esprit critique et ce que c'est une caricature à ses élèves, c'est au programme en éducation morale et civique, en histoire-géo ou encore en arts plastiques, donc ça aurait pu être tout un tas de professeurs qui auraient été amenés à faire ce cours. Et, il y en a tout un tas qui font des cours du même style. Par ailleurs, on doit apprendre à nos élèves à penser et à prendre du recul par rapport aux images qu'ils voient. L'idée n'est pas de dire si on est d'accord avec la caricature ou pas, mais de voir ce que la caricature veut dire, de savoir analyser les images. Donc, bien sûr qu'il a eu raison et même pour moi ce débat n'a même pas lieu d'être. Il est mort pour avoir fait correctement son métier. J'espère vraiment qu'on sera tous dans la réaction de continuer à enseigner nos élèves un esprit critique et de penser par eux-mêmes." Les hommages se sont poursuivis ce lundi dans le Gers. Ce lundi matin, les agents du conseil départemental et des élus locaux ont observé une minute de silence devant le hall d'entrée de l'hôtel du département à Auch.

E.R

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